On y peine à repérer les allées. Les chemins qui longent les tombes sont parfois difficilement accessibles. Et certaines d'entre elles sont déjà dégradées par les herbes qui poussent en dessous.
Le cimetière communal de Saint-Ouen ressemble désormais davantage à « une forêt qu'a un lieu de recueillement » selon la formule de Morgane, qui vient se recueillir régulièrement sur la tombe de son grand-père. « Regardez-moi ça… On se croirait en Amazonie », sourit, amère, la jeune femme. « Dans les allées, c'est une vraie galère de se déplacer. Plus on avance à l'intérieur du cimetière, plus ça se dégrade. Même la partie réservée aux militaires morts pendant la Seconde Guerre mondiale n'est pas entretenue », souffle la jeune femme.
«Si ça continue, on ne pourra plus accéder aux tombes»
« Ça va faire 5 ans que mon grand-père est enterré ici, et depuis ce temps, j'ai l'impression que le cimetière a été laissé à l'abandon. Ils ont tondu la pelouse mais ils n'ont pas touché aux allées. J'ai peur que ma grand-mère se casse quelque chose un jour car elle voudra atteindre la tombe de son mari, s'inquiète Morgane. L'été, ces herbes poussent encore plus vite, et si ça continue on ne pourra plus accéder à toutes les tombes. »
Aimée, 80 ans, qui a vécu toute sa vie à Saint-Ouen et vient régulièrement se recueillir sur la tombe de son mari confirme. « Ça me brise le cœur de voir le cimetière comme ça. Cette situation est lamentable. Rendez-vous compte qu'on ne voit plus certaines tombes. À quelques pas d'ici, le cimetière parisien de Saint-Ouen (NDLR : qui dépend de la ville de Paris) est bien mieux entretenu. »
Un temps, les habitués du cimetière ont espéré que le confinement serait l'occasion d'un grand débroussaillage des lieux. Il n'en a rien été. « Quand on a pu retourner au cimetière, on s'attendait à une amélioration mais rien n'avait été fait », se désole Aimée.
«Ce n'est pas à nous de nous occuper des allées du cimetière »
En colère, Morgane a interpellé le nouveau maire (PS) de la ville Karim Bouamrane dans une lettre envoyée le 16 juillet dernier. Son objectif : alerter les services techniques de la ville afin qu'ils se penchent rapidement sur le sujet pour que « le cimetière redevienne un respectable lieu de paix et de repos ».
La nouvelle municipalité n'a pas répondu à nos demandes.
Mais l'ancien maire de la ville, William Delannoy (UDI) explique, lui, que la ville n'est en fait pas responsable du nettoyage de son cimetière. « Lorsque je suis arrivé en tant que maire, j'ai dû m'occuper des concessions qui sont renouvelées automatiquement mais il faut parfois rechercher les descendants pour qu'ils s'occupent des tombes. Ça a demandé beaucoup de travail. Mais pour ce qui est des allées et de leur entretien ce n'est pas la ville qui doit s'en occuper mais Plaine Commune (NDLR : le territoire de la métropole dont fait partie Saint-Ouen et qui regroupe neuf villes de la Seine-Saint-Denis). »
Une situation qui s'est aggravée après la loi Labbé sur l'interdiction des désherbants dans les cimetières. « Cette loi, ça a été un coup dur pour Plaine Commune car il a fallu déployer plus de moyens humains et financiers et ils n'ont pas répondu à ces attentes », explique l'ancien édile de la ville.
Pour ce qui est des mauvaises herbes proches des tombes, William Delannoy rappelle que les particuliers doivent s'en « occuper eux-mêmes car la ville ne peut pas intervenir directement ».
Plaine Commune va bientôt intervenir
De toute évidence, à Saint-Ouen, les visiteurs sont contraints de faire bien plus. « J'ai vu un monsieur s'occuper lui-même des mauvaises herbes hier (NDLR : ce mardi), branche par branche à la main, dans les allées. Ça me met hors de moi car ce n'est pas à nous de nous occuper des allées du cimetière », s'insurge Morgane.
« Parfois on voit des employés passer dans les allées, mais on ne sait pas ce qu'ils font. Ce qui est sûr c'est qu'ils ne s'occupent pas des mauvaises herbes », renchérit Aimée.
Contactée, Plaine Commune reconnaît « quelques dysfonctionnements ». « La mairie a été prévenue et nous a demandé d'intervenir. Nous allons alerter nos services techniques dès demain matin (NDLR : dès ce jeudi matin). »
Le confinement, une « parenthèse enchantée » pour la biodiversité dans la rue
July 30, 2020 at 02:06AM
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Envahi par les herbes folles, le cimetière de Saint-Ouen fait le désespoir des visiteurs - Le Parisien
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