Les hôpitaux malgaches ont du mal à faire face à une flambée de cas de Covid-19, tandis que le président fait la promotion d’un produit non prouvé qui, selon lui, peut guérir la maladie malgré la mise en garde de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) contre l’utilisation de remèdes non testés.
Les cas ont quadruplé au cours du mois dernier dans l’île de l’océan Indien, avec plus de 13000 infections et 162 décès dus au coronavirus, qui s’est propagé à toutes ses 22 régions sauf une.
Malgré le pic, le président Andry Rajoelina soutient la concoction à base de plantes appelée Covid-Organics, qui a été lancée en grande pompe en avril.
Il est produit par l’Institut Malgache de Recherche Appliquée à partir de la plante Artemisia – source d’un ingrédient utilisé dans un traitement antipaludique – et d’autres plantes malgaches.
La boisson a été commercialisée comme un moyen de prévention et de remède – et depuis quatre mois, elle est offerte aux enfants à l’école.
Plus tôt dans le mois, le président était à nouveau en train de distribuer le tonique, ainsi que des produits essentiels tels que le riz, l’huile, le sucre, aux communautés pauvres de la capitale, Antananarivo.
Il a été critiqué pour avoir attiré des foules pendant un lock-out, mais son attitude est restée optimiste: « L’épidémie ne durera pas, elle ne fait que passer et nous la vaincrons. »
Il a également suggéré que le nombre de personnes infectées n’était pas élevé dans les banlieues de la capitale où la distribution gratuite de la boisson avait commencé il y a quelques mois.
L’OMS dit qu’elle accueille favorablement les innovations basées sur les remèdes traditionnels, mais elle veut des preuves scientifiques avant de soutenir leur utilisation.
Jusqu’à présent, aucun résultat d’essais cliniques n’a été rendu public – bien que cela n’ait pas empêché le tonique de devenir une source de fierté africaine pour certains. Des envois gratuits ont été envoyés dans des dizaines de pays africains.
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Le gouvernement a cherché à contrer le scepticisme croissant à son égard au pays et à l’étranger.
« Simplement parce que nous avons des préservatifs, cela signifie-t-il que nous ne devrions pas faire attention au sida ou que le sida est fini? C’est la même chose », déclare la directrice de la communication du président Rinah Rakotomanga.
«La majorité des personnes qui ont utilisé le produit et qui n’ont pas de maladie chronique se sont complètement rétablies, nous sommes fiers d’avoir ce remède contre la maladie. C’est dans notre culture en tant que malgaches d’utiliser des décoctions comme celle-ci… tant que cela fonctionne, nous n’avons pas besoin d’essais cliniques. «
Cependant, la plupart des personnes atteintes de coronavirus commenceront à se rétablir rapidement après quelques jours de repos – ce ne sont que celles souffrant de problèmes de santé sous-jacents qui risquent de développer des symptômes graves.
Mais le ministère de la Santé a été beaucoup plus prudent dans son approche – informant les hôpitaux que Covid-Organics ne doit être administré qu’aux patients présentant des symptômes bénins qui ne souffrent pas d’autres maladies telles que le diabète.
Le consentement des personnes traitées est également nécessaire, indique son protocole de conseil.
Hôpitaux sous pression
Malgré l’optimisme du président, des décès de coronavirus sont signalés quotidiennement.
Le mois dernier, le ministre de la Santé, Ahmad Ahmad, a lancé un appel à l’aide internationale pour se procurer du matériel, exprimant son inquiétude concernant le remplissage rapide des hôpitaux – ce pour quoi il a été réprimandé par la présidence.
Le ministère de la Défense a alors lancé un appel pour trouver des médecins et infirmières volontaires pour soutenir le personnel d’un centre de traitement installé au stade Mahamasina à Antananarivo.
Il a été ouvert début août et des dizaines de patients ont déjà été reçus.
L’un des hôpitaux qui a du mal à faire face à l’afflux de patients est le centre de santé universitaire d’Antananarivo d’Andohatapenaka – il ne prend que les cas graves de coronavirus, en particulier les patients qui souffrent également d’autres conditions.
Selon le directeur de l’hôpital Raveloson Nasolotsiry, il y a entre 50 et 56 lits constamment occupés.
Dès que les patients commencent à aller mieux, ils sont transférés vers d’autres centres de traitement pour faire de la place aux nouveaux arrivants.
Il s’attend à ce que les cas graves continuent à arriver car c’est l’hiver dans les hautes terres centrales.
« Les patients atteints d’une forme grave de la maladie sont déjà vulnérables et sensibles aux variations saisonnières », a-t-il déclaré.
Ils pourraient également confondre leurs symptômes avec la grippe et ne pas consulter immédiatement un médecin pour vérifier s’ils sont infectés par Covid-19, prévient-il.
Pas assez d’équipement de protection
Les travailleurs de la santé en première ligne se sentent également vulnérables, y compris ceux du principal hôpital du pays.
«Nous avons été complètement exposés», a déclaré Sitraka Randrianasolo, une interne de 27 ans à l’hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona de la capitale, où plusieurs médecins ont été testés positifs au Covid-19 ces dernières semaines.
«Un patient est venu aux urgences et est décédé 24 heures plus tard. Il s’est avéré qu’il avait Covid-19.
«Je l’ai soigné sans équipement de protection approprié. Je n’avais qu’un masque en tissu que j’ai apporté de chez moi. J’ai passé le test plus tard, et heureusement je n’ai pas été infecté.
Il dit que le problème s’est depuis amélioré après qu’une entreprise privée a fait don de masques de protection et de gants à l’établissement.
Le gouvernement a essayé d’envoyer du matériel aux hôpitaux de différentes régions.
Mais pour Jerisoa Ralibera, présidente du syndicat des ambulanciers paramédicaux SISFM, les efforts du gouvernement sont trop faibles, trop tard.
«L’État fait mieux maintenant en ce qui concerne les équipements de protection, mais ce n’est pas suffisant pour endiguer l’épidémie, les agents de santé continuent à utiliser le même équipement de protection à usage unique, en particulier les blouses et les combinaisons, et il n’y a pas assez de médicaments», a-t-il déclaré.
Lockdown levé malgré les craintes
Selon le SISFM, des dizaines d’agents de santé ont été infectés par Covid-19.
Ces craintes n’ont pas été apaisées par la levée par le gouvernement d’un verrouillage de cinq semaines dans la région d’Analamanga, où se trouve la capitale.
Le président Rajoelina a déclaré dans un discours télévisé qu’il était économiquement insupportable pour le peuple malgache de maintenir les restrictions.
Il a indiqué qu’une « phase de stabilisation » avait été atteinte et qu’au cours des deux derniers jours, les nouveaux cas ont diminué dans la capitale.
Mais la région d’Analamanga reste l’épicentre de l’épidémie – et la maladie continue de se propager dans d’autres régions de l’île.
August 14, 2020 at 06:29AM
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